“Les voix d’Handi Surf” #4 – Julien Caste et “Lehena”, premiers sur la vague Handi Surf

Associé à son ancien collègue Battit Chaudière, il a repris la plus ancienne école de surf d’Hendaye qu’ils ont renommée « Lehena ». Encadrant, co-responsable de structure de surf et formateur Handi Surf, Julien Caste le multi-casquettes, nous raconte la mise en place et la vie du projet « Quand le handicap se dissout dans l’eau » dans une école de surf.

“On accueille tout le monde !”

Il a eu du mal à quitter les bancs de l’école : BTS en gestion de protection de la nature, Brevet d’Etat de surf, éducateur spécialisé, DU accompagnement des personnes avec autisme, à 37 ans Julien Caste a un curriculum vitae bien rempli. Ce passionné de surf, attaché au volet éducatif et au secteur social, a voulu tout associer. Avec Battit Chaudière, diplômé STAPS APA (Activité Physique Adaptée), ils ont monté une école à leur image. Bon enfant, souhaitant rendre le surf accessible à tous, Lehena, « la première » en basque, est aussi la première structure en France à avoir obtenu le label Handi Surf. En face de la plus grande plage de la Côte Basque, dépeinte comme le paradis de l’enseignement du surf, ils permettent depuis 2013 à des personnes en situation de handicap de goûter aux plaisirs de la glisse. Reconnue pour son engagement, Lehena l’est tout autant que son co-dirigeant, qui est notamment intervenant dans la formation Handi Surf. Un éducateur né qui ne manque pas de motivation.

Bonjour Julien ! « Lehena », l’école de surf que tu co-diriges, est la première structure à avoir obtenu le label « Handi Surf » en France. Depuis quand et pourquoi avez-vous voulu mettre en place le projet Handi Surf ?

Bonjour ! Ça s’est passé plus ou moins naturellement. En fait dès que j’ai eu le BE de Surf, à 23 ans, avant même de passer mon diplôme d’éducateur spécialisé, j’ai bossé avec des groupes de la protection judiciaire de la jeunesse et des jeunes en situation de handicap. J’avais bien kiffé, ça m’a donné envie de faire ça, de me former. Battit, qui avait un diplôme de STAPS APA était lui aussi dans cette optique.

Quand on a repris l’école en 2012, on a donc monté des projets avec des institutions, notamment le foyer de vie Celhaya à Cambo. On avait fait un retour vidéo et à la fin du projet on était parti là-bas leur présenter notre montage. Jean-Marc (Jean-Marc SAINT-GEOURS, fondateur Handi Surf) est tombé dessus, m’a appelé, et c’est comme ça qu’on s’est rencontré et qu’on est rentré dans le dispositif Handi Surf. Ça fait un petit moment maintenant !

Quel « type » de public accueillez-vous le plus ?

On accueille tout le monde !

Après ça dépend si on parle d’accueil de groupes issus d’institutions ou non. Par exemple, on a des projets avec deux groupes de Plan Cousut (Institut médico-éducatif de Biarritz), dont l’unité autisme, qui viennent toutes les semaines. Depuis l’année dernière en fonctionnement régulier nous n’avons qu’eux, donc beaucoup de public en situation de handicap mental. On accueille aussi des groupes avec du handicap moteur, mais de façon plus ponctuelle, les institutions avec qui nous travaillons n’étant pas forcément du coin, à part Marienia (Cambo) avec qui on travaille chaque année.

Et c’est bien sûr sans compter les particuliers !

Cela fait maintenant sept ans que vous travaillez avec la méthode Handi Surf. Est-ce que vous savez si des personnes viennent spécifiquement en vacances dans la région pour les cours que vous proposez ?

Oui ! Notamment quelques allemands de l’équipe nationale qui viennent surfer avec nous depuis 2 ou 3 ans. C’est parti d’une personne, Benny, qui était venu sur la Côte Basque et qui était motivé pour surfer. Il en a parlé autour de lui, a ramené des potes et par le bouche-à-oreille ils sont maintenant 3 à prendre des vacances sur la Côte pour venir surfer avec nous. Y’en a plusieurs comme ça qui prennent chaque année deux semaines pour prendre des cours à l’école !

Notre avantage c’est que quand une personne s’inscrit, on n’a pas de questions à se poser sur l’emploi du temps etc… chaque moniteur peut l’accueillir !

A la différence des clubs de surf qui font des cours hebdomadaires sur l’année scolaire, ta structure est une école qui par nature fonctionne surtout en saison. Est-ce que malgré cela vous arrivez à mettre en place des cours inclusifs ?

Oui, on en fait un petit peu même si c’est plus difficile dans une structure privée que dans un club de surf (dans le monde du surf, on distingue les clubs de surf structures associatives qui fonctionnent à l’année, et les écoles de surf, entreprises privées, qui travaillent surtout en saison). On fait de l’inclusion sur certains types de handicap, avec certains profils autistiques. Il faut que ça s’y prête bien et bien choisir le groupe avec qui tu le fais. Dans l’inclusif, surtout dans le handicap mental, il faut qu’il y ait une récurrence de l’activité que nous on n’a pas. C’est surtout des stagiaires à la semaine, donc d’une semaine à l’autre ça change, ce qui peut être plus perturbant qu’aidant. Il faut que ça soit réfléchi, c’est pas l’inclusion comme on la définit en club quand il y a une pratique régulière à l’année où tu peux ritualiser pleins de choses. Dans un club, pour tout type de handicap on peut travailler l’autonomie dans l’eau, ce qui fait que dans la zone de surf, au bout d’un certain nombre de séances de pratique, le handicap disparait.

En école de surf, c’est différent, c’est beaucoup d’initiations, donc une autonomie dans l’eau limitée. Encore que dans notre école, nous avons de la chance d’avoir une clientèle qui revient d’année en année, parfois même en hors saison, donc une progression dans la pratique !

Quels projets souhaiteriez-vous développer autour du Handi Surf ?

Peut-être un peu plus de perfectionnement para surf ou para surf adapté, mais peu de personnes font des cours à l’année. On est une école, donc il y a forcément un coût qui est plus élevé qu’en club !

On avait aussi pas mal d’évènements prévus, qui ont été annulés au vu de la crise sanitaire. Nos projets avec les institutions sont suspendus… donc on verra à la rentrée, c’est un peu au ralenti pour le moment !

Quel mot définit pour toi la pratique du « Handi Surf » ?

Passion !

Sandra Saint-Geours

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